vendredi 6 novembre 2009

Éternité

Non, le dénouement du précédent chapitre "plug-in" ne doit pas être divulgué ici.

Alors voici le second "plug-in".

*** Chapitre "Plug-in" 2, partie 1/1 (oui 1) ***

Äars sentit son corps se détacher lentement de son esprit. Sans crainte et sans même se débattre, il se laissa dissoudre dans le néant. Il flottait dans un vide immatériel sans ressentir ni bien-être, ni douleur. Peu à peu, ses sensations revenaient, frôlant ses mains contre ses jambes. Le frottement de ses vêtements s'amoindrissait à chaque instant jusqu'à ne plus être audible. Son corps bascula. Il posa lentement ses deux pieds sur le sol, dans un clapotis cristallin. Lorsqu'il ouvrit les yeux, Äars se trouvait debout dans un espace d'une clarté aveuglante, blanc, sans horizon ni frontières. Il n'existait pas de bruit, pas d'ombre, pas de vent, pas de temps. Il n'éprouvait rien, il ne ressentait rien. Le sol le reflétait à l'identique, enveloppé d'une toge blanche immaculée comme celle que portait Arlann dans ses souvenirs. Il lui semblait que ce n'était que ça. Des souvenirs. Il lui semblait qu'il ne lui restait plus que des souvenirs de cet homme qui l'avait arraché à une horde de gragoles noires alors qu'il se trouvait encore sur Terre. Ses souvenirs de la Terre étaient vagues à leur tour, se précisant simplement le nom de son monde, sans réaliser qu'il en avait oublié l'essentiel, le temps qu'il y avait passé, la vie qu'il y avait vécu. Il regarda paisiblement autour de lui dans l'infini clarté qui le submergeait. Même ébloui, il regardait l'espace qui l'entourait, sans point auquel se rattacher. Peut-être était-ce cela la solitude. Son cœur ne résonnait plus dans sa poitrine. Qu'était la solitude ? Un sentiment ? Alors qu'il s'abandonnait à cette questions, il restait impassible, sans vouloir bouger, sans vouloir partir. Des minutes, des heures, peut-être des jours s'écoulaient sans qu'il ne veuille s'en rendre compte. L'infini ? L'éternité ? À cette question, son cœur s'élança, frappant son corps. À ce seul son qui fit résonner l'espace blanc dans lequel il se trouvait, des filaments dorés étincelant se mirent à fleurir autour de ses pieds et s'enroulèrent lentement autour de ses jambes, détaillant de fines feuilles argentées, se faufilant petit à petit autour de son corps tout entier, jusqu'à couvrir son visage puis ses yeux d'un voile d'un doré aveuglant. Son corps tout entier se relâcha et s'abandonna. Il bascula doucement en arrière, sans qu'aucun son se dégage de sa toge volant dans sa chute. Äars passa au travers du sol qui fondit dans une éclaboussure blanche et pailleté. Ce n'était ni de l'eau, ni un quelconque autre liquide. Pourtant, il sentit rouler sur lui des milliers de petites bulles qui le baignaient dans une chaleur enivrante, douce et calme. Il se sentit chuter pendant des heures qu'il ne comptait pas, sans jamais n'éprouver aucune douleur ni aucune crainte. Il se sentait bien, au chaud, rassuré. Il se laissait aller sans penser dans sa chute interminable.

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