Un soir, je me suis récité toute la trame du deuxième (et normalement dernier) tome, pour savoir si ça tenait la route, si je raccordais bien les bouts avec le premier, pour savoir si j'y avais bien incorporé tout ce à quoi j'ai pensé.
À cet instant, j'ai eu ce sentiment étrange, cette sensation d'un vide au fond de moi, d'une absence, de quelque chose d'éteint... Pendant plus de dix ans, j'ai rêvé de toutes ces scènes que je m'efforce de décrire.
Si demain, j'écrivais la dernière ligne...
Si demain, j'écrivais la dernière ligne !
Si demain, j'écrivais la dernière ligne ?
Si demain je venais à écrire la dernière ligne, il subsisterait un manque que je ne saurai pas combler, parce que ce sera fini, figé, écrit... et cela ne pourra plus vivre dans ma tête et dans mon cœur.
C'est pour cette raison que j'avance, malgré moi, plus lentement.
Je le finirai, parce que je le veux.
Je le finirai, parce que j'en rêve.
Je le finirai, parce que j'ai commencé.
Je le finirai, parce qu'aujourd'hui, certains attendent la suite.
Je le finirai, parce que toute histoire a une fin.